1989, Berlin Est. Un appartement cossu avec canapé, table basse, porte-manteau, bibliothèque… Si ce n’était l’affiche de propagande sur la police du peuple et le papier peint à motifs de faucille et marteau, on ne se douterait pas qu’on est chez un agent de la Stasi. Emma arrive chez son nouvel employeur, Werner, afin de s’occuper de sa vieille mère sénile. En réalité, elle cherche à rejoindre Berlin Ouest, avec l’aide de son compagnon Ludwig, qui va creuser pour eux un tunnel dans la cave de Werner. Mais c’était sans compter l’arrivée de Hans, un agent de l’Ouest infiltré… Emma et Ludwig vont se retrouver malgré eux impliqués dans un tourbillon qui les mènera jusque dans les bureaux de la Stasi… 

Ce qui ressort de cette pièce est avant tout son aspect comique. En effet, celle-ci joue sur le décalage entre les envies de liberté des uns et les pensées autoritaires ou criminelles des autres. Le personnage de Werner est volontairement choquant par ses propos et cela est dit de façon si naturelle que cela fait naître un rire particulièrement franc. On retrouve également cet humour décalé lors de la deuxième partie de la pièce avec le commandant que l’on égaie grâce à une scène de torture (avec quelques traces de faux sang pour agrémenter le tout). 

Par ailleurs, on se délecte des nombreux quiproquos qui jalonnent la pièce, notamment lorsque Ludwig se fait surprendre par Hans parce qu’il pense reconnaître un signal d’Emma. Chaque personnage a sa particularité et apporte son humour à la pièce : du communiste convaincu à la femme éprise de liberté, en passant par l’espion sans vergogne ou au fiancé un peu niais… On joue sur le comique de situation et de caractère de façon savoureuse! 

Les comédiens interprètent leurs rôles avec une aisance parfaite. Ils ne jouent pas l’humour, ils sont réellement drôles. Cela en paraît naturel, sans artifice, car tout est fait dans la pièce pour nous séduire. Chaque personnage a son importance dans l’histoire et la fait avancer. Les décors et les costumes collent très bien avec l’époque. On apprécie notamment la bibliothèque avec passage secret, le mur un peu ouvert de l’appartement laissant voir qui veut y entrer, les quelques projections utilisées. ..

Enfin, c’est assez intéressant d’assister à une pièce qui utilise des éléments historiques comme base sans pour autant en faire quelque chose de trop intellectualisant. Ici, on se permet de rire avec l’Histoire, afin de prendre aussi un peu de distance avec elle. On ne peut que saluer cette initiative car cela s’adresse à toutes les générations. Ainsi, nombreuses sont les familles qui étaient présentes dans la salle avec nous. 

Dans une période aussi compliquée que celle que nous traversons, « Berlin Berlin » est une bulle de bonne humeur. Le public et la profession ne s’y sont pas trompés. N’hésitez pas à les retrouver pour rire de bon cœur !