Agnès Duval, une femme d’affaires hyperactive, célèbre sa retraite. Alors qu’elle reçoit un fauteuil relaxant comme cadeau de départ, elle se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire de tout ce temps qui lui est donné. Très vite, elle s’ennuie, malgré la présence aimante de son mari, Pierre, qui décide de la quitter, et les demandes de sa fille de lui rendre visite aux Etats Unis. Se retrouvant seule dans cette immense maison, elle se lie d’amitié avec Robert, son jardinier, auquel elle n’avait jamais adressé la parole. Malade, il va lui faire rencontrer Anna et Lasha, des migrants géorgiens qui ont perdu leur fille et ne veulent pas quitter la France pour rester auprès d’elle... C’est alors que la vie d’Agnès va changer…
Avec cette nouvelle pièce, Jean-Philippe Daguerre nous fait entrer dans un univers différent : celui de l’évolution d’une femme face aux rencontres qui la bouleversent. Agnès, qui a longtemps délaissé sa propre fille, se découvre en se retrouvant seule et change ses priorités. De la femme d’affaires trop occupée pour voir les pièces de théâtre de sa fille, qui trompe son mari avec son employé, elle est tellement touchée par Anna et Lasha qu’elle va s’ouvrir à eux, faire tomber des barrières, oublier ses peurs au profit des autres. Ainsi, cette pièce pose la question du caractère soi disant immuable de nos vies. Ne peut-on pas prendre notre destin en mains quand tout semble nous faire faux bond ? Nos problèmes quotidiens ne sont-ils pas dérisoires face à ceux d’autres personnes, pas si éloignées de nous ? N’y a-t-il qu’un pas à faire pour voir la vie autrement et surtout la rendre plus belle, même s’il faut pour cela nous mettre en danger ?
On ne peut que saluer le jeu des acteurs qui incarnent leurs rôles avec beaucoup de vérité. Mention spéciale pour Marc Siemiatycki dans le rôle de Robert, qui apporte beaucoup de poésie à l’histoire, par sa tendresse et sa douceur. On rit mais on s’émeut aussi avec Charlotte Matzneff et Antoine Guiraud en Anna et Lasha avec leur accent et leurs mimiques irrésistibles. Florence Pernel et Bernard Malaka forment un couple touchant et fort. Tanguy Vrignault assure très bien son rôle de jeune cadre dynamique.
Les décors et les costumes s’accordent bien à l’histoire. On note l’importance aussi de la musique puisque les personnages jouent de divers instruments, comme un retour à leurs premières amours.
« Le huitième ciel » est une jolie comédie sur l’acceptation de soi et la force de l’amour. Nul doute que le public sera au rendez-vous.