En 1990, à New York, une étudiante en psychologie rend visite à Stanislaw Matulewicz, médecin à la retraite et ami d’Eugène Lazowski, son grand-père décédé, afin d’en apprendre un peu plus sur la vie de son aïeul. En discutant autour d’un verre, ils vont revenir en 1940 à Rozwadów en Pologne où les deux hommes ont mis en place un ingénieux stratagème permettant à une grande partie des habitants de la ville d’échapper aux camps de travail…
L’histoire, basée sur des faits réels, se déroule sur deux temporalités. Ainsi, les acteurs jouent différents rôles à plusieurs moments de l’histoire et virevoltent entre les époques afin de nous emporter avec eux dans ce récit captivant. Les jeux de mise en scène, les changements de décor et de costumes faits par les comédiens en un temps record, les effets de lumière nous époustouflent et nous permettent de suivre la narration avec délice. Tout se déroule à un rythme effréné, tenant le spectateur en haleine, comme on le serait face à une série télévisée. On notera par ailleurs l’ingéniosité des décors qui, en une tournemain, peuvent figurer la maison d’Eugène et de sa femme Anna, une rue, un bar, la poste, la gare… Tout a été pensé au millimètre près et c’est une des réussites de cette pièce.
Les comédiens font preuve d’une énergie débordante. Avec une bonne humeur communicative, ils prennent plaisir à jouer et à nous transporter dans l’histoire. Ils peuvent montrer ainsi plusieurs facettes de leur talent et on voit qu’ils se délectent d’être à nouveau sur scène. On assiste ici à un véritable spectacle de troupe, comme on les aime, où chacun a son moment de bravoure sans chercher à tirer la couverture sur soi. Tantôt figurants, tantôt au centre de l’action, ils se donnent avec la même envie et c’est un vrai régal pour le spectateur.
L’histoire faisant référence au vaccin contre le typhus a parfois de nombreux liens avec la pandémie actuelle et les polémiques sur le vaccin, ce qui provoque le rire des spectateurs. C’est comme si une troisième temporalité s’instaurait dans la pièce. L’humour est évidemment une des valeurs ajoutées (la scène de la visite des allemands est inénarrable !), même si certains moments plus graves et émouvants bouleversent le spectateur, notamment lorsqu’Eugène soigne le soldat allemand ou encore la découverte finale.
La mise en scène de l’autrice et la scénographie sont on ne peut plus efficaces et sont un véritable atout à ce spectacle. Le plateau est utilisé de façon très intéressante et les acteurs n’hésitent pas à arriver de temps en temps dans la salle. On assiste à un spectacle total.
« Les Crapauds fous » est une pièce drôle, émouvante, rythmée, captivante, impressionnante. Un véritable chef d’œuvre qui attirera de nombreux spectateurs peu habitués au théâtre. Mélody Mourey et sa troupe nous gratifient à nouveau d’une réussite complète ! Merci à eux !