Les lumières s’éteignent, l’horloge tourne en sens inverse de plus en plus vite et le rideau s’ouvre sur une salle de classe le 26 juin 1984. Prune, Elodie, Benjamin, Moustapha et Pierre ont 5 ans. La maîtresse s’absente quelques minutes et on découvre les personnalités des 5 gamins : Elodie, la chouchoute de la maîtresse, Benjamin, amoureux en secret de Moustapha qui, de son côté, s’amuse à jouer des tours aux autres, Prune, l’excentrique, et Pierre, le souffre douleur. Grâce aux décors époustouflants (dont nous ne dirons pas plus afin de vous en laisser la surprise), le spectateur se prend vite au jeu de ce retour dans le temps. Dans la France de Mitterrand, la complicité des personnages grandit, les amitiés naissent, les premières injustices se dessinent…
On retrouve ensuite nos personnages le 25 juin 1995, juste après les épreuves du Brevet des Collèges. Ils reviennent dans leur salle de maternelle où ils vivent leurs premiers émois, fument leurs premières cigarettes, jouent à « action ou vérité ». Passionnés de musique, Benjamin et Moustapha s’éclatent avec leur groupe « Les 5 mauvaises notes ». Pierre est éperdument amoureux de Prune qui fait tout pour l’éviter. Elodie et Moustapha commencent à sortir ensemble. Mais la bande d’amis risque d’être séparée bientôt car Moustapha n’a pas le niveau pour les suivre au lycée…
2021, les camarades ont grandi, ils se sont éloignés, chacun a vécu sa vie, sans réellement oublier les années passées ensemble. Ils se revoient lors de la fête organisée pour la fermeture de leur ancienne école. Ont-ils vraiment changé ? Les amourettes d’hier ont-elles résisté au temps ? Ont-ils su s’accepter tels qu’ils étaient ? Ne regrettent-ils pas leurs choix d’antan ?
Voilà ce que nous propose cette joyeuse équipe. Un voyage dans le temps sur fond d’amitié et d’apprentissage de la tolérance. Comme à leur habitude, c’est un voyage complètement déjanté et survolté auquel nous assistons. Rois de la comédie, Gwen Aduh et Miren Pradier, dans leur adaptation de la pièce anglaise « Groan Ups », réussissent à faire revivre les différentes époques à travers des clins d’œil aux dessins animés, publicités, chansons… Ils excellent dans le comique de situation (notamment dans la scène de rupture ou avec le cochon « dingue »). Les costumes, hauts en couleurs, reflètent parfaitement les époques. Aucun détail n’est laissé au hasard, jusqu’aux prénoms des élèves inscrits sur leurs casiers qui évoluent au fil du temps.
Les comédiens s’en donnent à cœur joie et incarnent leurs personnages avec une énergie débordante. Aussi bien dans la gestuelle que dans le phrasé ou la voix, ils passent d’un âge à l’autre avec beaucoup de fraicheur et de vérité. On rit bien sûr mais on est ému également par ces différents caractères qui se forgent, grandissent au fur et à mesure et essuient des déceptions, des échecs parfois. Pour cette soirée de première, l’émotion était palpable pour cette troupe qui n’avait pas pu jouer depuis un an et demi et le public ne s’y est pas trompé.
« Dans la cour des grands » est une comédie hilarante et déjantée qui joue sur la nostalgie des années passées. Une mise en scène rythmée, des comédiens au top, des costumes géniaux et des décors incroyables… Une vraie réussite !