New York. Tout sourit à Sam Tahar (Valentin DE CARBONNIÈRES) depuis qu’il a quitté la France et qu’il est devenu un brillant avocat marié à Ruth (Elisabeth VENTURA), une femme juive influente de la ville. Mari volage, père de deux enfants, il mène grand train et fascine même la presse qui veut en apprendre davantage sur lui. Quand il revient en France rendre visite à son demi-frère (Kevin ROUXEL) et à sa mère (Brigitte GUEDJ) qu’il aide financièrement mais à laquelle il ment ouvertement, il retrouve Nina (Nassima BENCHICOU), son amour de jeunesse, et Samuel (Mathieu ALEXANDRE), son ancien meilleur ami. C’est à ce moment là que ces derniers découvrent l’imposture : Sam (alias Samir) a utilisé des éléments de la vie de Samuel et son prénom pour être accepté dans la société new yorkaise et forger sa légende, quitte à en oublier ses origines arabes… Sa vie va alors basculer… Aura-t-il les ressources nécessaires pour se sortir des liens pernicieux du mensonge ?
L’histoire nous invite à nous interroger sur l’importance de la quête de son identité. Savons-nous réellement qui nous sommes ? Ne nous forgeons-nous pas notre propre existence par nos actes et nos décisions ? Faut-il rester soi-même pour réussir ou plutôt chercher à devenir ce que les autres veulent pour exister à leurs yeux ? Toutes ces questions se posent à travers les personnages. Sam a profité de l’histoire de Samuel pour se faire une place dans un monde aussi exigeant que la société américaine. Nina et Samuel ont vécu leurs vies avec moins de succès mais sont restés intègres l’un envers l’autre. Cependant, le retour de Sam les bouscule, les pousse à mentir à leur tour. La mère de Sam s’accroche à ce que son fils lui raconte tout en le rêvant comme elle le voudrait, sans savoir que son premier fils l’a trahie et que son deuxième s’apprête à commettre l’irréparable. Chacun invente sa propre réalité pour mieux apprécier sa vie.
Les acteurs s’imprègnent avec sincérité et vérité de ce récit et nous le font vivre avec beaucoup de dynamisme. Chacun interprète plusieurs rôles à la fois, en changeant de costume et de décor en un clin d’œil. L’espace scénique est utilisé de manière habile. Les jeux de rideaux sont particulièrement intéressants, permettant de créer plusieurs espaces autour du cadre placé au centre du plateau, comme une lucarne ouverte sur les secrets de chacun. Le rythme est rapide, bien enlevé et l’on se prend à se demander comment nous aurions pu réagir nous-mêmes.
« L’invention de nos vies » est une adaptation réussie qui nous pousse à nous questionner sur nos vies. Elle nous transporte avec une vive énergie.