Louis a 13 ans. Il vit avec Thelma, sa mère, très occupée par son travail, et n’a jamais connu son père. Il se prépare pour le brunch mensuel du samedi avec sa grand-mère avant d’aller au foot rejoindre son entraineur, Edgar. Alors que Thelma répond à un énième appel de son boss, Louis part faire du skate… et se faire renverser par un camion. Il se retrouve dans le coma, le pronostic vital engagé. Après quelques journées d’errance, Thelma découvre un journal intime dans lequel Louis a consigné toutes les « merveilles » qu’il souhaiterait accomplir. Afin de donner envie à son fils de se réveiller, elle prend la décision de réaliser tous ses rêves et de les lui raconter. Et c’est là que vont commencer de formidables aventures…
Adapter un roman au théâtre n’est jamais chose aisée, et encore moins lorsque celui-ci est riche de voyages divers, de découvertes… Cependant Jean-Philippe DAGUERRE n’en est pas à son premier essai et excelle dans le genre. On retrouve parfaitement l’ambiance du récit sur le plateau, aussi bien dans la caractérisation des personnages, aux interprètes idéalement choisis, que dans la mise en scène des diverses « merveilles ».
Parlons tout d’abord des acteurs. Ils incarnent parfaitement leurs rôles, à commencer par le brillant Théophile Baquet qui se démarque dans son personnage de jeune garçon surdoué avec beaucoup de douceur et d’humour. On suit avec tendresse Thelma (Magali GENOUD) dans sa douleur, ses craintes, ses failles, son envie de vivre et de survivre. On est touché par la rage d’Odette, sa mère (Marie-Christine LETORT), qui, malgré un manque de communication, n’a jamais cessé d’aimer et d’admirer sa fille. On est séduit par Edgar (Jean Aloïs BELBACHIR), le coach de foot, devenu bègue suite à la perte de son grand amour. Enfin, on admire la bienveillance de Charlotte, l’infirmière, et la candeur d’Isa (toutes deux incarnées par Juliette BEHAR). Chaque caractère trouve écho en nous et nous interpelle.
La mise en scène joue sur des jeux de lumière avec un décor fixe représentant tantôt la maison de Thelma, tantôt l’appartement de Charlotte, tantôt l’hôpital, ainsi que des éléments déplacés par les comédiens. Pour figurer les voyages et les vidéos montrées par Thelma à Louis, on joue sur des projections sur le décor de façon très réussie. On entre avec beaucoup de pudeur et d’émotion dans cette histoire grâce à l’élégance de cette mise en scène.
L’histoire pose plusieurs questions : doit-on abandonner quand tout semble perdu ? L’espoir existe-t-il toujours tant qu’il y a de la vie ? Peut-on rattraper le temps perdu ? L’amour, même lorsqu’il est tu, ne dure-t-il pas toujours ? Comment vivre sa vie pleinement sans en perdre une miette ? Qu’y a-t-il derrière un coma ? Et surtout, comme dirait Cali, le chanteur préféré de Louis (qui fait une apparition en vidéo), « c’est quand le bonheur ? » Cette dernière interrogation trouve une réponse à la fin du récit, légèrement différente de celle du livre, et apporte son lot de véritable émotion au spectateur.
« La Chambre des merveilles » est une très belle adaptation du roman du même nom. On est transporté par les aventures de ces personnages et par leur vérité. C’est un hymne à la vie et au bonheur aussi bien pour les adultes que pour les adolescents. N’attendez plus pour découvrir cette merveille !