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« Le Barbier de Séville » 
au Théâtre du Funambule

Depuis le 6 septembre 2021, le Théâtre du Funambule accueille « Le Barbier de Séville », la célèbre pièce de Beaumarchais dans une version mise en scène par Camille Delpech. Bien évidemment, tout le monde connaît l’intrigue : Bartholo retient de force sa cousine Rosine chez lui afin de l’épouser. Le Comte Almaviva, épris de la jeune fille, demande de l’aide à son serviteur Figaro pour la séduire et la délivrer de son bourreau…  

S’il n’est pas aisé de reprendre un tel classique et de lui donner un nouveau souffle, la metteuse en scène Camille Delpech (également présente sur scène dans le rôle de Marceline) réussit ce tour de force avec beaucoup de fraicheur. L’action est placée dans les années 70. Les costumes sont colorés. Des palettes, des draps, un escabeau créent un décor minimaliste mais parfaitement utilisé par les comédiens tout au long de la pièce. En effet, les palettes serviront selon leur disposition à la fois de banc dans les rues de Séville, de lit ou de fauteuil chez Bartholo. Les draps posés sur des cordes nous rappellent un peu l’aspect itinérant des troupes du XVIIème et XVIIIème siècles. Une fois ôtés, ils ouvrent l’espace à la maison de Bartholo, véritable prison pour Rosine. On notera également l’utilisation pertinente du transistor diffusant comme à la radio les chansons écrites par Figaro. La musique omniprésente pendant la pièce est un outil dramatique supplémentaire. L’escabeau a une réelle importance également dans le comique de répétition et de geste avec Bartholo. Tout est pensé et bien mis en valeur pour faire passer l’humour de ce texte de 1775. 


La troupe des Ballons rouges apporte toute sa jeunesse et sa fougue aux personnages. Parfaitement adaptés aux différents caractères, ils jouent avec plaisir et partagent leur passion avec le public. Emilien Raineau (Figaro), à la fois espiègle, bohème et rusé, est un excellent lien entre le plateau et les spectateurs qu’il embarque rapidement dans son dynamisme. Drys Penthier (le Comte Almaviva) s’amuse à travers les divers personnages que Figaro lui fait jouer et les interprète en leur apportant à chacun une personnalité différente et drôle. Axel Stein-Kurdzielewicz (Bartholo) est excellent par ses mimiques, ses jeux de regard, sa posture. Heidi Bay campe une Rosine tout en douceur mais capable également de malice. Enfin, Camille Delpech nous offre une Marceline hilarante par son attrait pour l’argent. 


On se rend également compte, à travers ce texte, que cette pièce évoque de véritables problèmes contemporains comme la place de la femme dans la société et la question du consentement. Rosine, retenue par Bartholo pour un mariage forcé, est en définitive un personnage extrêmement moderne puisqu’elle cherche à échapper à son bourreau. En 2021 où des femmes doivent encore se battre pour faire valoir leurs droits, il est bon de se rappeler qu’au siècle des Lumières, des écrivains avaient déjà pris parti pour elles. 

Ce « Barbier de Séville » est une belle réussite de la compagnie des Ballons Rouges. On en ressort avec le sourire et avec la joie d’avoir redécouvert une œuvre si bien écrite et dont l’humour fonctionne toujours. A voir en famille. 

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