1959. C’est la rentrée au lycée de Welton. Le principal Nolan rappelle les fondements de son école : tradition, honneur, discipline, excellence. Les lycéens se retrouvent avec plaisir : Neil Perry, Knox Overstreet, Richard Cameron, Steven Meeks et Charlie Dalton. Ils accueillent dans leur groupe un nouvel élève, le timide Todd Anderson. Ils découvrent également leur nouveau professeur de littérature, M. Keating. Avec ses méthodes peu conventionnelles, l’enseignant va apprendre aux élèves à s’éloigner des diktats d’une société conformiste dans laquelle ils sont enfermés, à vivre le jour présent et à cueillir « dès aujourd’hui les roses de la vie ». Mais cela ne sera pas du goût de chacun…
Comment parler de cette adaptation sans commencer par évoquer la puissance de ses acteurs ? Stéphane Freiss excelle dans le rôle de M. Keating, sans singer son regretté prédécesseur. Il apporte sa vision du rôle tout en respectant l’état d’esprit du film. Il transporte les spectateurs comme les élèves et on se laisse complètement conquérir par sa vision du monde. Le comédien endosse le costume du professeur qu’on aurait tous souhaiter avoir : celui qui enseigne à écouter ses envies, à s’accepter soi-même, celui qui ne juge pas mais nous apprend à nous dépasser, celui qui trouve des réponses dans la littérature pour rendre celle-ci plus accessible à tous. Il est touchant, drôle, vibrant. Autour de lui, une troupe de jeunes acteurs époustouflants ! Ils incarnent les différents personnages avec toute leur fraicheur et leur sincérité. Certains ressemblent physiquement aux personnages du film (comme les interprètes de Niel ou de Dalton). Mais tous interprètent leurs rôles avec une justesse particulièrement émouvante. A en juger par leurs larmes au salut final, on peut comprendre qu’ils s’investissent avec leur âme dans l’histoire, ce qui les rend encore plus vrais aux yeux des spectateurs. Les comédiens interprétant Nolan et le père de Niel ne sont pas en reste non plus et représentent l’autorité rigide d’un monde sans espoir d’évolution.
Même si le film a 35 ans et que l’histoire se passe à la fin des années 50, le propos est toujours actuel. En effet, trop de conventions veulent enfermer les adolescents dans des cases, surtout dans certains milieux, dits sérieux. L’essence même de l’être humain n’est-il pas de trouver sa voie dans une société qui ne lui en laisse pas toujours le choix ? Certes, le temps des sévices corporelles à l’école est bien terminé mais ne revient-on pas à une uniformisation des adolescents ? Dans quel but ? Les faire penser tous pareil pour mieux les contrôler ? Ce spectacle prône la force de penser par soi-même, sans se laisser guider par la masse. Apprendre à réfléchir, à s’interroger plutôt que d’obéir à des préceptes poussiéreux sont les enseignements de cette pièce qu’il faut faire connaître au plus grand nombre de façon à réveiller un peu les consciences. Ainsi, on se réjouit de savoir que de nombreux groupes scolaires viennent assister à ce spectacle.
Enfin, la mise en scène est judicieuse et bien pensée. On se retrouve plongé dans l’univers du film de Tom Schulman, notamment lorsque la bande de lycéens va pour la première fois dans la grotte du Cercle. On joue sur la luminosité, les éclairages, le tableau noir, les projections… Tout est réfléchi pour nous faire entrer dans l’histoire du début à la fin… et même dès l’entrée dans le théâtre (sans en dire davantage pour ne pas gâcher la surprise.) Les décors sont mobiles et évoluent au fil du récit, déplacés par les acteurs ou descendant des cintres. Les costumes représentent bien leur époque.
« Le Cercle des poètes disparus » est une véritable réussite théâtrale pleine d’émotions, de vérité et de justesse. Des artistes au sommet de leur art. Un respect du film initial. A voir absolument.