Agé de 40, Adrien se rend chez sa mère pour un dîner traditionnel en famille avec sa sœur Sophie et son beau-frère Ludo. Au cours de la conversation, Ludo lui demande de faire un discours lors de leur mariage prévu dans quelques mois. Adrien s’inquiète, s’angoisse. Ce genre d’exercice n’a jamais été son fort. Et puis, ce soir, Adrien a autre chose en tête : il a envoyé un texto à son ex Sonia, avec laquelle il fait une « pause » depuis 38 jours… et celle-ci ne répond pas. Adrien va-t-il réussir à se sortir de ce dîner si perturbant ? Sonia va-t-elle lui répondre ou est-elle dans l’impossibilité de le faire ? Pourquoi est-ce précisément ce soir que son meilleur ami lui demande par message s’il ne lui a pas prêté un disque ? Sera-t-il à la hauteur de ce discours, présenté comme le plus beau cadeau qu’il puisse faire à sa sœur, elle qui ne lui a jamais offert que des encyclopédies ? 

Dans ce seul en scène, Simon Astier nous présente un personnage en proie à de véritables questions qui taraudent tous les quadragénaires en 2021. Il passe par diverses phases d’émotion : impatience, inquiétude, crainte, angoisse, espoir… Face à une société qui attend toujours plus des individus, Adrien n’a pas « fait construire », il n’est pas marié, il n’ose même pas dire des choses simples à sa sœur, comme son dégoût pour ses cadeaux d’anniversaire. Seule Sonia semble avoir donné un sens à sa vie et, depuis cette « pause », il compte les jours, il cherche des réponses, il se torture l’esprit pour comprendre. Au fil du spectacle, on découvre la complicité qui le liait à Sonia, ses vieilles blessures amoureuses, sa volonté de sauver le Bénin avec un stylo… Adrien est un idéaliste, un romantique qui garde chez lui des objets souvenirs de son histoire d’amour. On est touché par cette tendresse, cette douceur qu’il exprime et aussi par son impatience face à l’absence d’arrivée du sms tant attendu. On se reconnaît dans cet épisode qu’on a tous un jour vécu. 

Dans une mise en scène épurée, entre la table à manger et les toilettes, Simon Astier se dévoile. Il donne vraiment vie à son personnage et il nous le fait aimer. A travers les différentes tentatives de discours, il se montre tantôt mélancolique, tantôt ridicule, tantôt hilarant. Il fait revivre les clichés des cérémonies de mariage : la chenille évidemment ou la venue d’un sosie d’Herbert Léonard pour interpréter « Quand tu m’aimes » (dont nous n’oublierons plus les paroles désormais). Et en même temps, il nous fait réfléchir sur les effets qu’ont les mariages sur les invités : c’est avec nostalgie que certains vont repenser au leur, se dire que le temps a passé et qu’ils n’ont pas eu tout ce dont ils rêvaient. La célébration d’un mariage ne serait-elle pas une métaphore de la vie ? Elle défile en une soirée et on se rend compte au réveil que tout est allé trop vite et qu’on aurait dû en profiter davantage. 

« Le Discours » est une pièce touchante interprétée par un comédien remarquable qui incarne un personnage dont les mots parleront à tous. Et devant la vibrante émotion de Simon Astier à la fin de la représentation, on ne peut que dire bravo à ce discours !