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« Les Poupées persanes »

au Théâtre des Béliers parisiens

Depuis le 24 août, le théâtre des Béliers parisiens accueille « Les Poupées persanes », la pièce d’Aïda Asgharzadeh après un triomphe au Festival d’Avignon en 2021 et 2022. Forte du succès de « La Main de Leïla » (écrite avec Kamel Isker), « Le Dernier Cèdre du Liban » ou encore « Les Vibrants », l’autrice revient dans son théâtre fétiche avec sa troupe pour notre plus grand bonheur puisqu’elle y interprète également un rôle.

Iran, début des années 70 : Bijan (Sylvain Mossot) rencontre Manijeh (Aïda Asgharzadeh) dans la bibliothèque de l’université de Téhéran. Comme leurs homonymes du Livre des Rois de Ferdowsi, ils tombent amoureux et s’installent rapidement ensemble, grâce à Manoucher (Kamel Isker), l’ami de toujours, révolutionnaire qui se battra pour ses idées. 


France, fin décembre 1999 : alors que la tempête Lothar fait rage, Françoise (Toufan Manoutcheri) et ses deux filles, Bahar (Aïda Asgharzadeh) et Niloofar (Ariane Mourier), arrivent à Avoriaz avec Jean-Farouk (Azize Kabouche) et son fils Haroun (Kamel Isker), pour les vacances de Noël. C’est sur ces deux temporalités que s’ouvrent « Les Poupées persanes ». 


Le récit est particulièrement bien ficelé. Alors que s’enchainent les changements d’époque et de lieu à une vitesse vertigineuse, on découvre peu à peu des moments qui ont marqué l’Histoire de l’Iran et de la France pour se mêler à l’histoire de ces personnages auxquels on s’attache rapidement. Les liens entre ces derniers se dénouent au fur et à mesure de l’aventure et on se sent un peu comme un enfant face à un conte qui découvre petit à petit les péripéties du héros. L’utilisation d’images d’archives de la célébration du 2 500e anniversaire de la fondation de l'empire perse en 1971, de la révolution islamique en 1979 ou encore des ravages de la tempête de 1999 en France apportent un effet de réalisme et font resurgir des souvenirs aux spectateurs. Aïda Asgharzadeh nous narre l’histoire d’un pays, l’histoire de ses parents, son histoire qui se raccroche à la nôtre. 


La mise en scène de Régis Vallée permet une véritable immersion dans les époques, avec une utilisation des décors (que les comédiens déplacent), des costumes et du plateau des plus créatives. On se sent transporté de façon virevoltante dans les différents récits, sans jamais en perdre le fil. Il y a presque un aspect cinématographique dans les placements des comédiens sur le plateau quand ils se parlent normalement face à face et qu’on nous les présente face à nous, pour nous permettre de lire les émotions de chacun sans en perdre une miette. Cela crée un effet poétique et captivant. Les lumières et la musique s’accordent mélodieusement avec cette vision de la pièce. Les décors collent parfaitement aux lieux évoqués : le chalet d’Avoriaz qui devient la maison de Téhéran, le lit superposé qui se transforme en console de DJ et en télésiège, la cheminée… Tout est pensé, millimétré et tellement bien figuré. 


Les comédiens vivent la pièce avec une complicité et un bonheur communicatifs. Malgré les températures élevées de cette fin d’été 2022, dans leurs costumes de ski notamment, ils ne s’économisent pas et donnent vie avec cœur à leurs personnages. Ils changent de costume pour changer d’histoire et interprètent jusqu’à six personnages chacun ! Ils sont transportés par leurs émotions et nous les transmettent avec une si belle justesse, une si belle vérité… Ils maitrisent si bien leur art qu’on en reste éblouis encore longtemps après la fermeture du rideau. La standing ovation ce soir-là ne pouvait mentir et les applaudissements peinaient à se taire. 


« Les Poupées persanes » est une pièce magistrale, émouvante, bouleversante, intelligente, virevoltante. On pourrait poursuivre la liste des qualificatifs pendant plusieurs lignes. Laissez vous séduire par ces poupées qui ne manqueront pas de vous charmer. Un grand bravo à toute l’équipe pour tout ce qu’elle nous a donné. A ne manquer sous aucun prétexte. 

Une pièce d’Aïda Asgharzadeh

Mise en scène : Régis Vallée

Avec : Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche, Toufan Manoutcheri, Sylvain Mossot, Ariane Mourier

Lumières : Aleth Depeyre

Costumes : Marion Rebmann

Musique : Manuel Peskine

Scénographe-constructeur : Philippe Jasko

Une co production Acmé, Théâtre des Béliers, Atelier Théâtre Actuel

Contact Tournée : Acmé

 

Théâtre des Béliers Parisiens, 14 bis rue Sainte Isaure 75018 Paris


https://www.theatredesbeliersparisiens.com/spectacle/les-poupees-persanes/


Du mardi au samedi 21h - dimanche 15h

Jusqu’au 30 septembre

Tarifs : de 25€ à 37€

 

Durée : 1h35

 

Article : Audrey

28/08/2022

audrey@laruedubac.fr

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