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« Molière, le spectacle musical »

au Dôme de Paris

Depuis le 7 novembre, le Dôme de Paris accueille « Molière, le spectacle musical », la nouvelle comédie musicale de Dove Attia. Après les succès des « Dix Commandements », « Mozart, l’opéra rock », « Le Roi Soleil », l’auteur et producteur a décidé de s’attaquer à la vie du plus célèbre des dramaturges français.

L’histoire commence en 1642, celui qu’on appelle encore Jean-Baptiste Poquelin, futur Molière, se heurte à son père qui veut faire de lui le tapissier du Roi, charge qu’il a lui-même tenue avant lui. Cependant, Jean-Baptiste a rencontré Madeleine et Joseph Béjart avec lesquels il décide de devenir comédien et de fonder l’Illustre Théâtre. Madeleine, dont il s’éprend, n’a d’yeux que pour le Comte de Modène avec lequel elle a un enfant, Armande, qu’elle est obligée de laisser en pension, lorsque la troupe décide de partir jouer en Province. Cette décision lui coûtera longtemps… 


D’emblée, il nous faut parler de la mise en scène de Ladislas Chollat. Dans un décor aux influences du spectacle « Hamilton », les personnages évoluent sur diverses passerelles, au détour de projections représentant notamment des tapisseries du XVIIe siècle. Les danseurs apportent une touche particulière par leur dextérité et les chorégraphies magnifiques de Romain RB. Ils s’incluent parfaitement à l’histoire et nous donnent vraiment à voir le meilleur d’eux-mêmes avec une énergie communicative. Les décors nous transportent dans les divers lieux traversés par Molière et sa troupe, de Paris à la Province en passant par Versailles. On joue sur différents niveaux de plateaux, comme pour montrer l’ascension de cet homme qui finira par se brûler les ailes à force de vouloir toujours plus créer. Sans vouloir divulgâcher, la scène finale est magnifique et très émouvante. 


Si la pièce joue volontairement sur des anachronismes pour provoquer le rire dans le décalage entre les propos et le contenu (notamment avec Monsieur, frère du Roi, dont les costumes sont un clin d’œil à ceux de Christophe Maé dans « Le Roi Soleil »), le récit est cependant assez fidèle à l’histoire de Molière. Il met notamment en valeur la place des femmes au XVIIe siècle comme Madeleine, Marquise ou Armande, qui étaient beaucoup plus que de simples exécutantes. Madeleine Béjart, véritable bras droit de Molière tout au long de sa vie, gérait en grande partie la troupe. Marquise a inspiré « Andromaque » à Racine. Armande a soutenu Molière dans sa fin de vie et s’est battue pour devenir une bonne comédienne, malgré les critiques sur son union avec le dramaturge. On ressent également la cabale effectuée par la Compagnie du St Sacrement par l’intermédiaire du Prince de Conti et la pression des deux théâtres importants de l’époque (Hôtel de Bourgogne et Théâtre du Marais) avec la présence de Montfleury, acteur moqué au début du « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand. Dove Attia s’est documenté et offre un portrait assez fidèle de la vie de Molière. Il met également en scène des passages de pièces du dramaturge comme la scène la plus célèbre de « L’école des femmes » entre Agnès et Arnolphe. 


Les titres sont assez efficaces et bien interprétés par des artistes qui s’investissent à fond dans leurs rôles (mention spéciale à Shaïna Pronzola pour sa voix tout en velours, Petitom pour son énergie et Abi Bernadoth pour sa force). Ils ont été pensés pour faire avancer l’histoire. On regrettera cependant certaines paroles, pas toujours au niveau de ce que l’on attendrait dans un spectacle sur Molière. L’aspect urbain (revendiqué dans le premier titre du spectacle : « opéra urbain ») est un peu déroutant puisque l’on n’est pas habitué à entendre du slam dans un spectacle musical, surtout lorsqu’il s’agit de rendre compte de l’avancée de l’histoire de Molière. 


« Molière, le spectacle musical » est un show familial à la manière des autres spectacles de Dove Attia avec une superbe mise en scène. Nul doute que le public souhaitera le découvrir.

Avec Petitom, Morgan, Abi Bernadoth, Lou, Shaïna Pronzola, Vike, David Alexis, Basile.

Dove Attia : Auteur du livret et producteur délégué à l’artistique, directeur musical

Ladislas Chollat : Metteur en scène

Romain RB : Chorégraphe

Jean-Daniel Vuillermoz : Costumes

Emmanuelle Favre : Scénographie

Dimitri Vassiliu: Lumière 

Stephane Plisson: Son

Peggy Moulaire et Guillaume Aufaure : Vidéos 

Catherine Saint-Sever : Maquillage et Coiffure


Au Dome de Paris, 34 Boulevard Victor

75015 Paris

Jusqu’au 18 février 2024, du mardi au dimanche. 

Tarifs : de 19€ à 89€

https://moliereoperaurbain.com/moliere/0-billetterie-moliere-spectacle

 

Article : Audrey

19/11/2023

audrey@laruedubac.fr


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