Le rideau s’ouvre sur deux musiciens (guitare, piano) en queue de pie et souliers vernis qui jouent l’intro de « L’hymne à l’amour ». En fond, les projections d’un mur de briques, la plaque de la Place Pigalle et une colonne Morris ventant les mérites de l’entreprise « SOS Chanteuse » (sorte de Uber Eat pour les chansons) avec la photo de Christelle Chollet et un numéro de téléphone. Au bout de quelques instants, l’artiste entre en courant par le public, vêtue de son désormais célèbre imper jaune, un short et des talons hauts pour reprendre façon gospel la chanson emblématique d’Edith Piaf. La soirée peut alors commencer…

Tout au long du spectacle, Christelle Chollet raconte des anecdotes fictives de sa vie, comme sa rupture avec son mec au bout de 20 ans, les déboires de son amie Marie Lou, les difficultés des rencontres amoureuses avec l’application Happn, l’importance de réhabiliter les slows… En femme piquante bien ancrée dans son époque, elle égratigne les hommes, la société, les réseaux sociaux, la politique… Le tout en entremêlant des titres d’Edith Piaf, avec des arrangements blues, rock, soul… De « L’Homme à la moto » en passant par « Milord » (qui prend des allures de Broadway avec un numéro de chaise qui en fera pâlir plus d’un) ou « La Vie en rose » (dédiée aux célibataires), des émouvants « Mon Dieu » et « Non, je ne regrette rien » à l’hilarant « Les Mots d’amour » ou à « La foule » (version rap), l’artiste se balade dans un répertoire qu’elle porte avec cœur et passion, rappelant au passage qu’Edith Piaf fait encore rayonner la France à travers le monde, alors qu’elle est peu jouée sur les radios françaises. 

Quel plaisir d’admirer la performance de l’artiste qui chante, danse et nous fait rire… Elle sait tout faire et n’a rien perdu de sa voix puissante, vibrante, touchante. Avec une énergie incroyable, elle embarque l’audience avec elle, n’hésitant pas à titiller les spectateurs des premiers rangs (big up à « Rollex » et « Festina »), à traverser la salle afin de vérifier que chacun a bien compris la rythmique de son « Padam Padam ». S’écartant un instant des titres de la grande Edith, elle reprend, comme à son habitude, des chansons à la demande sur le thème du premier baiser. Ainsi, nous aurons la joie de l’entendre interpréter « Reality » de Richard Sanderson, « Aline » de Christophe, « Capri, c’est fini » d’Hervé Vilard ou encore le sublime « I Will Always Love You » de Whitney Houston. Elle ajoutera également un passage de « Still Loving You », montrant une fois de plus sa force dans les reprises rock (on se souvient de « Highway to Hell » dans son spectacle « Numéro 5 de Chollet »). 

En reprenant « L’empiafée », Christelle Chollet apporte la bonne dose de bonheur au public venu nombreux et de toutes les générations. Elle s’éclate sur scène avec ses musiciens et sa bonne humeur est communicative. Elle réussit un spectacle complet nous faisant passer du rire à l’émotion. Un spectacle à voir absolument.