Valentine et Sam sont en pleine thérapie de couple après vingt ans de vie commune. Ensemble, ils vont évoquer les faits marquants de leur histoire d’amour. Cependant, une chose est certaine : ils n’ont pas vécu cette vie de la même manière ! Chacun a sa propre version des événements, ce qui va provoquer des désaccords, des retours en arrière et de nouvelles façons de raconter ce qui a fait leur couple. 

Retrouver une pièce de Sébastien Azzopardi, c’est toujours un événement car il a une façon de mettre en scène bien particulière, utilisant le plateau, les décors, les accessoires de manière originale. Après avoir laissé le public décider du destin des personnages dans « L’Embarras du Choix », ici, ce sont les personnages qui se disputent pour rétablir la vérité. L’occasion pour chacun d’en rajouter, d’exagérer, de se rendre moins égoïste ou plus remarquable… Une vision très humaine finalement de la vie de couple. Car, en effet, chacun d’entre nous ne vit-il par les choses de la façon dont il les ressent, selon sa sensibilité du moment, selon ses émotions, selon ses frustrations ou ses joies ? Peut-on être pleinement heureux lorsque l’on doit privilégier sa famille à sa carrière, comme Valentine ? Doit-on oublier ses rêves au profit de ceux de l’être aimé, comme aurait pu le faire Sam ? Etre en couple signifie-t-il mettre ses ambitions de côté ? Doit-on tout dire à l’autre ou garder un jardin secret ? Tant de questions que pose « Ma Version de l’histoire » à travers les personnages particulièrement attachants que campent Miren Pradier et Sébastien Azzopardi. 

Au fil de la pièce, on découvre leurs failles, leurs zones d’ombre, leurs mensonges, leurs chagrins, leurs joies. On nous fait revivre toute leur histoire d’amour, de sa naissance aux déchirements. Les acteurs nous entrainent dans leur passion pour notre plus grand plaisir. Se greffent à eux Déborah Leclercq et Alexandre Nicot qui changent de rôle à une vitesse vertigineuse (on notera par ailleurs la rapidité impressionnante des changements de costumes) et campent à la fois la prof de guitare, la vendeuse de l’agence de voyage ou la collègue de Sam pour l’une et le fils, le médecin accoucheur ou l’amant pour l’autre. Toute l’équipe s’investit avec cœur et humour dans cette aventure et on les suit à travers le temps avec bonheur. 

Impossible évidemment de ne pas parler de la mise en scène et de la scénographie, une des grandes forces de ce spectacle. Partant d’un simple canapé de thérapeute, on nous donne à voir de tous les côtés avec notamment des projections en fond de scène ou des décors qui évoluent au fur et à mesure de l’histoire. Je n’en dirais pas davantage afin de ne pas vous gâcher l’effet de surprise mais l’utilisation de l’espace est faite de façon inventive et créative. Il est rare de voir ce genre de choses au théâtre et c’est une véritable qualité des spectacles de Sébastien Azzopardi (dont on se rappelle notamment de « La Dame blanche »). 

Avec « Ma Version de l’histoire », on rit, on s’attache, on est surpris, touché, réjoui. C’est une pièce pleine d’amour, d’humour et de sentiments. Et vous, saurez-vous trouver qui a dit la vérité ou, finalement, n’est-ce pas secondaire face au fait d’avoir partagé cette heure et demie avec ces personnages ?