2004 : Nicolas fait une croisière pour rendre hommage à un ami décédé de sa mère. Très vite, il revient sur l’épisode fondamental de cette amitié : un tour sur le France de Paris à New York en 1964. C’est alors que l’on découvre Louise, une femme libérée, Thomas, son fiancé de l’époque, Antoine, amoureux en secret de Thomas, Léo et Nicole, les jeunes mariés, Mike, le balayeur qui se rêve chanteur. Toute cette joyeuse équipe va se suivre au fil des ans et évoluer en fonction de leurs choix de vie et de l’avancée de la société. C’est toute l’histoire d’un pays qui est racontée en filigrane du récit de ces personnages, accompagné d’images d’archives.
Raconter une histoire à partir de tubes aussi célèbres n’est jamais chose aisée, tant ces chansons ont une part importante dans l’inconscient collectif des Français. Et pourtant, le pari est réussi avec « Je vais t’aimer » qui a su mêler le répertoire ultra connu du chanteur à des titres plus confidentiels. Ainsi, on passe de « La Java de Broadway » à « Etre une femme », aux « Bals populaires » et bien sûr aux très attendus « Lacs du Connemara ». Mais certains découvriront des airs comme « Le Privilège », « Parlons de toi, de moi », « Un accident » ou encore « Le prix d’un homme ». Les chansons s’intègrent plutôt bien à la narration et permettent de mettre en lumière à quel point Sardou se veut conteur d’histoires dans ses chansons.
Les artistes interprètes sont époustouflants. On les retrouve réellement investis dans leurs rôles qu’ils interprètent avec un plaisir communicatif. Issus de nombreux autres spectacles musicaux (on se souvient d’Emji dans « Les trois mousquetaires » ou de Sofia Mountassir dans « Bodyguard »), ils n’en sont pas à leurs premiers essais malgré leur jeunesse et ils donnent tout sur scène, chantant, dansant, jouant. On est ébloui par la pureté et l’entendue de leurs voix. On se rend compte à quel point le niveau d’exigence a augmenté en France, longtemps considérée comme le parent pauvre de ce genre de spectacles. Les arrangements musicaux sont assez fidèles à ceux d’origine mais on savoure avec bonheur les harmonies créées par les chanteurs lorsqu’ils chantent à plusieurs et on se délecte d’entendre des voix féminines sur certains morceaux. Plusieurs moments de grâce sont à noter comme « Je vais t’aimer », « Je vole », « La rivière de notre enfance », « Le France » ou encore « J’accuse »…
La mise en scène est bien pensée et utilise le plateau avec beaucoup d’ingéniosité. Elle est bien plus adaptée en version théâtre car elle permet au spectateur d’être plus centré sur l’action que dans les zéniths où le plateau semblait petit par rapport à la grande de la salle. Le mobile tournant sert tantôt de proue au bateau, tantôt de bus pour visiter New York ou de camion pour l’enlèvement de Léo. On change d’ambiance en fonction des tableaux avec beaucoup d’aisance (en utilisant parfois des transitions musicales). Les costumes aident à bien reconnaître les personnages et représentent parfaitement les époques traversées par la bande. A cela s’associent les danseurs qui prennent part à des chorégraphies magnifiques allant de la gigue irlandaise aux claquettes. Un véritable bonheur pour les yeux qui ne peuvent pas tout voir…
Le public ne s’y trompe pas et c’est à une standing ovation que nous avons assisté dans une salle pleine à craquer. Inutile de dire que le karaoké géant de la fin a ravi plus d’un spectateur.
« Je vais t’aimer » est un spectacle feel good (malgré des moments de drame très réussis) avec des artistes dynamiques et émouvants, des voix incroyables, des chorégraphies superbes. On en ressort en chantant et avec le sourire. On ne peut que vous conseiller une chose : allez-y !